Repenser la pédagogie par le design : une expérience centrée apprenant/enseignant.

Méthodologie

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Méthodologie détaillée :

L’objectif du programme est de vérifier si nous pourrions concevoir une forme d’expérience optimale (“flow”) en pédagogie et de mettre en place les conditions pour cela. Csíkszentmihályi (1990) a élaboré le concept de flow, un état mental centré sur la motivation, qui est atteint lorsque la personne est complètement plongée dans une activité, et se trouve dans un état maximal de concentration, de plein engagement et de satisfaction dans son accomplissement. Fondamentalement, le flow se caractérise par l’absorption totale d’une personne dans son occupation. Le flow allie compétences et défi, il relève d’un état de bien être suffisant et équilibré entre les deux conditions. Dès lors, le programme du LID vise à vérifier si l’expérience pédagogique pourrait dépasser les objectifs pédagogiques en s’appuyant sur des outils immersifs 2D et 3D qui favorisent la collaboration.

Compte tenu de l’état d’avancement du projet (débuté en mars 2017), nous ne pouvons pas encore nous appuyer sur les résultats de recherche. Nous proposons ici d’exposer le protocole de recherche exploratoire impliquant la démarche de design. Celle-ci vise à :

  • revisiter des cours existant en les co-concevant avec les enseignants et étudiants les ayant reçus,
  • mettre en valeur des expériences pédagogiques définies avec les enseignants à l’aide des outils numériques collaboratifs et immersifs et de formats pédagogiques essentiellement collaboratifs.

 

Notre méthode se découpe en trois phases : 

  1. Sélection du panel
  2. Codesign et prototypage du scénario pédagogique
  3. Phase de test durant les cours au 1er semestre


1 – Sélection du panel
La première phase a consisté à recruter un panel d’enseignants susceptibles de participer aux expérimentations, ouverts à la co-créativité, prêts à revisiter leur propre pédagogie, disponibles et investis (sur une à deux années), ils utilisent et manipulent plusieurs formes de représentation (données, iconographies, cartes, vidéos). En revanche, nous avons écarté les enseignants techno-centrés afin de privilégier la multiplicité des actions et usages dans la phase de co-conception des scénarii pédagogiques. Nous débutons avec une première série d’expérimentations en histoire, géographie et théâtre en septembre 2017, puis archéologie, STAPS, et chimie et physique des matériaux pour le second semestre.

 

2 – Co-design et prototypage du scénario pédagogique
La seconde phase se déroule en deux étapes :

  • La phase d’idéation en mode codesign
  • Le prototypage du scénario pédagogique

Au cours de séance d’idéation avec chaque enseignant du panel, l’équipe de recherche du LID a co-conçu les TD avec deux de leurs étudiants (étudiants – ayant reçu le cours classique -), à l’issue de laquelle un scénario pédagogique sera proposé. Au préalable, nous avons travaillé à partir de documents permettant de saisir les objectifs et contenus du cours à son état actuel : trame du TD, syllabus, objectifs, évaluations, documents supports, bibliographie. Pour les membres de l’équipe de recherche en design du LID, il s’avère nécessaire de prendre connaissance de ces données qui constituent le contexte de travail à comprendre et appréhender avec empathie.

Pour cette phase de génération d’idées, nous employons des outils et méthodes de codesign : nous demandons aux panels de proposer six scénarii en trente minutes en explicitant les points de la méthode AEIOU (Activités, Environnements, Interactions, Objets, Utilisateurs, 1991*). A cela, nous ajoutons notre visée qui allie : compétences et défis, puis expérience et objectifs pédagogiques. L’équipe du LID a mis en place un canevas de travail, des planches, cartes et outils dans l’objectif de susciter la créativité du panel. Si les idées font défaut lors de la séance d’idéation, nous l’alimentons avec des exemples d’outils et formats pédagogiques (serious game, escape game, jeu de rôles, etc.) et des cartes à jouer qui évoquent les expériences possibles (ludique, inspirante, magique, subversive, technique, etc.). Le protocole adopté est le suivant : un membre de l’équipe participe à la phase d’idéation, il intervient pour recadrer (sur la créativité, les besoins, les objectifs) si nécessaire, relance les brainstormings, mène la dynamique de groupe, tandis qu’un autre observe les actions et comportements de chacun.

Les six scénarii générés par l’enseignant et ses deux étudiants sont alors explicités oralement, le groupe vote pour le ou les meilleurs scénarii et mixent les idées les plus pertinentes afin d’établir un premier prototype de scénario. Il est matérialisé sous forme de storyboard ou maquette, la mise en forme permet aussi de concevoir les outils nécessaires pour la mise en scène du TD (cartes à jouer, minuteur, objet 3D, plateau, etc).

 

3 – Phase de test durant les cours au 1er semestre

Enfin, la troisième phase est un premier test des prototypes conçus. Les cours se dérouleront en partie dans le learning lab du LID (selon le déroulé prévu par les enseignants) durant le 1er semestre entre septembre 2017 et janvier 2018. Ces cours intègrent les activités définies (AEIOU) durant la séance de codesign, les scénarii pédagogiques sont collaboratifs et prennent appui sur les dispositifs immersifs 2D et 3D. Chaque séquence de cours est filmée et des questionnaires sont administrés aux étudiants et enseignants afin de recueillir leur ressenti. L’ensemble des données (déplacements, comportements en groupe, comportements individuels, impact sur l’acquisition du savoir, co-construction du savoir) sont analysées afin de déterminer les apports produits par de tels cours (notamment en termes d’expérience) et d’éventuels freins. In fine, cette troisième phase conduit à revenir en phase deux afin d’améliorer le prototype pour l’année universitaire suivante. La dimension itérative est omniprésente dans notre démarche, elle intègre l’expérience centrée apprenant/enseignant au coeur de nos préoccupations.

*La méthode AEIOU a été créée en 1991 à Doblin par Rick Robinson, Ilya Prokopoff, John Cain et Julie Pokorny. L’objectif initial est d’aider à analyser les données ethnométhodologie et l’analyse de conversation. Nous l’employons au sein de notre protocole de recherche comme méthode intégrée dans la génération d’idées et de scénarii d’usage.